Avoir un enfant c’est merveilleux, magique, étourdissant … Mais pas seulement.
Cette histoire commence aux alentours du 26 février, soit une quinzaine de jours après mon accouchement. Je me rends à l’état civil afin de faire faire une carte d’identité à …. Mais à qui au juste ? A ce petit être endormi dans la poussette bien entendu. Mais comment l’appeler ? Je suis face à une fonctionnaire à la limite du désagréable, et les mots ne viennent pas. Je parviens péniblement à prononcer le mot « enfant », mais je suis dans l’incapacité la plus totale de dire « mon fils ». MON FILS …What ?
On a beau vous bassiner de théories sur l’instinct maternel, je reste persuadée qu’on ne naît pas mère, on le devient. On l’apprend et on l’éprouve.
Mais revenons encore un peu plus arrière.
Je suis fraîchement trentenaire, et ce sentiment que j’ai la vie devant moi, et encore bien d’autres choses à accomplir ou à me prouver. Souvenez-vous, à cette époque j’écrivais même que je préfèrerais avoir un chien qu’un enfant … On rembobine ? Of course not, même si j’ai toujours envie d’avoir un chien ! Tout ça pour dire qu’avoir un enfant était loin d’être ma priorité, et pour être tout à fait honnête, je l’envisageais surtout comme un truc bruyant et visqueux dont j’aurais la charge à vie ou presque. (Depuis, je me suis fait pisser et baver dessus à peu près 253 fois et ma foi, je le vis assez bien).
Et puis un matin, je me réveille enceinte, et s’ensuit une grossesse plus ou moins simple (cf cet article). Puis un accouchement extrêmement difficile (soyons claires). A ce moment-là, la bulle dans laquelle tu te trouvais pendant 9 mois éclate, et tu disparais, complètement effacée par un petit machin de 50 cm que tu apprends à aimer. Vous avez bien lu : « Que tu APPRENDS à AIMER ». Il a beau être ta chair, ta plus belle création et le plus bel être que tu n’as jamais vu sur terre, cela reste une rencontre avec un parfait inconnu. En tout cas c’est mon ressenti … Et puis il y a cette sensation de ventre vide … (J’y reviendrai sûrement un jour car cela m’a beaucoup troublée certainement en raison de mon accouchement un peu prématuré).
Bref, passée l’euphorie des premiers jours, tu t’aperçois que c’est bien plus dur que ce qu’on t’avait dit. L’allaitement se révèle être un esclavage (Ok pas pour toutes je sais et j’en suis ravie), et le monde passe son temps à s’intéresser au poupon alors que toi, tu ne parviens toujours à t’asseoir correctement. Quand tu te regardes dans la glace tu fonds en larmes, et tu es au nirvana quand tu as réussi à te doucher à 15h.
Et puis peu à peu la vie prend un nouveau cours et le ciel s’éclaircit.
Dans mon cas, j’ai eu l’impression d’émerger à nouveau lorsque j’ai arrêté d’allaiter. J’ai eu le sentiment de me réapproprier mon corps, et une certaine forme de liberté. C’est aussi à ce moment-là que mon fils a commencé à faire ses nuits. Un matin nous nous sommes aperçus qu’il avait dormi 12 heures, et depuis il n’a jamais cessé ou presque. C’était inespéré, et je me demande parfois ce qui m’attend au tournant !
Je sais que ces mots résonnent de manière négative, et que certaines femmes s’en offusqueront peut-être, mais ne pensez pas que j’étais malheureuse ou déprimée, je décris simplement la réalité de beaucoup de jeunes mères. Etre mère c’est formidable, mais dans la vraie vie ce n’est pas tout à fait comme sur Instagram ! Et si personnellement je ne choisis de poster que de belles images, cela ne signifie pas pour autant que ma vie est merveilleuse H24. En fait je dirais même qu’elle est assez difficile, car travailler à 100% à horaires fixes avec un bébé est loin d’être simple … Quand je pense que dans ma vie d’avant j’ai osé prononcé cette phrase : JE SUIS CREVEE. Clairement je ne savais pas ce que c’était, et toute ma compassion et mon admiration vont aux mamans dont le bébé ne dort toujours pas correctement …
Heureusement ce qui est assez bien foutu, c’est que plus ils grandissent, plus on apprend à les connaître, et plus on les aime. Quoiqu’ils fassent. (Oui j’aime mon fils au cas où vous en douteriez).
Et le couple dans tout ça ? A vrai dire, nous avions eu tant d’échos effrayants à ce sujet que nous nous sommes réellement posés la question d’avoir enfant. Après tout, pourquoi mettre en péril ce si bel équilibre qui durait depuis 8 ans déjà ? Devions-nous nous infliger cette crise du passage de 2 à 3 qui semble sévir comme une épidémie dans les chaumières ? En fait, cette rumeur (qui est malheureusement parfois une réalité) m’a tellement fait flipper que je m’étais préparée à une sorte de catastrophe nucléaire. Je rêvais d’ailleurs régulièrement pendant ma grossesse que mon mec allait se barrer et m’abandonner là avec le mouflet … Evidemment quand on voit les choses sous cet angle pendant 9 mois, ça ne peut que bien se passer ! Et puis quand le père décide de s’occuper autant que toi de votre enfant, eh bien ça facilite drôlement les choses. De crise il n’y en donc pas eu. De concession non plus. De l’amour, énormément. Et je serais tentée de dire niaisement : chaque jour un peu plus. Evidemment on avait eu le temps de vivre avant. De s’aimer comme des ados, de voyager, et d’apprendre à connaître nos limites et nos failles. Et bien que j’ai assez peu de recul en la matière, je dirais quand même ceci : soyons tolérantes parce que s’il y avait un mode d’emploi unique, ça se saurait !
Bon voilà je clos mon pavé en espérant de pas avoir la leche ligue et la team des parents bien-pensants et infaillibles sur le dos.
En conclusion j’ajouterais seulement ceci : je n’ai jamais été aussi heureuse.
Et les larmes me montent aux yeux lorsque j’écris cette dernière phrase.
(Merci de m’avoir lue).
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