Et caetera, Maternité

Mon deuxième trimestre de grossesse

21 janvier 2018
Manon-pello-photographe-toulouse

A une quarantaine de jours de ma date prévisionnelle d’accouchement, j’écris enfin cet article sur mon deuxième trimestre de grossesse.

Cet article, j’y ai réfléchi des dizaines de fois, pourtant je n’ai jamais vraiment eu le courage de l’écrire. Coucher des mots douloureux sur du papier est parfois bien plus difficile qu’il n’y parait. On pourrait penser que cela soulage, personnellement j’ai eu envie d’enfouir cette période de ma vie très loin et très profondément. Malgré tout, je vais l’écrire cette foutue histoire, parce qu’elle ne concerne pas que moi, sinon des milliers de femmes parfois complètement perdues.

Cette histoire elle débute le 29 août 2017 lors d’une visite gynécologique de contrôle. Enfin débarrassée de mon angoisse de la fausse couche (cf cet article), et rassurée par ma première échographie, j’y vais le plus sereinement du monde. J’en ai averti mon nouvel employeur, tout s’est bien passé. J’ai passé de très belles vacances, je n’ai souffert d’aucun mal et je suis prête à affronter les 6 prochains mois avec le mental de Xena la Guerrière.

Mais ça, c’est sans compter sur la feuille que me tend le médecin en m’annonçant  » votre prise de sang réalisée lors de l’échographie du 1er trimestre a décelé un taux de 1/634. Vous vous situez dans une population à risque modéré, il faudra donc réaliser une échographie morphologique plus appropriée lors du 2 ème trimestre. »

Je ne comprends rien à ce qu’elle me dit sur le moment, alors je lui demande de m’expliquer les choses dans d’autres termes et elle prononce cette phrase que je n’oublierai jamais : « il est possible que votre bébé présente une malformation, nous en saurons plus lors de la prochaine échographie, soit le 17 octobre ». Sur ce, elle m’examine, me demande de la régler, et en un rien de temps je me retrouve prostrée sur le trottoir sans plus d’explication.

Je suis de nature inquiète, mais je ne suis pas hypocondriaque, et je suis rationnelle. Pourtant, je n’arrive pas à comprendre ni accepter la situation. Lors de mon échographie, le médecin échographe n’avait décelé aucune anomalie, et mon bébé présentait une nuque très fine, ce qui est un signe d’absence de trisomie. Parce qu’à force de tourner et retourner le problème dans ma tête entre deux crises de sanglots et 15 études scientifiques trouvées sur le net, je comprends que le risque porte sur la trisomie, ni plus, ni moins. Et rien que ça, j’ai envie de dire !

Mais ce taux, que signifie t-il ? Pourquoi ne peut-on pas m’apporter de réponse avant 1 mois et 20 jours ? Comment vais-je tenir d’ici là ? Et bien évidemment : pourquoi moi ? C’est ainsi que commence une des périodes les plus difficiles de ma vie.

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Tri-Test ou test de la trisomie 21

Pour toutes les novices, ou pour toutes celles qui traverseraient un parcours similaire, voici vulgairement comment se déroule une échographie au 1er trimestre de grossesse. En dehors de l’acte en lui-même, le médecin vous propose un dépistage de la trisomie 21 que vous êtes en droit de refuser. Ce test consiste à évaluer le risque de malformation en combinant deux données déterminantes : l’épaisseur de la nuque du foetus, et un dosage hormonal (PPAPA + BETA HCG).  Dans mon cas, la nuque était très fine, donc rien d’alarmant. En revanche, mon dosage hormonal était très moyen. Grosso modo, les laboratoires classent les risques en 3 groupes (un peu comme les impôts …) :

  • 1/1000 et plus : risque faible ou nul
  • De 1/250 à 1/1000 : risque modéré
  • En dessous de 250 : risque accru

C’est ainsi que grâce aux explications d’une amie médecin, j’ai pu évaluer que je me trouvais dans une population à risque modéré, et qu’en d’autres termes, je présentais 1 chance sur 634 d’avoir un enfant porteur du gène de la trisomie 21. Afin de le formuler de manière plus claire (et plus positive), j’ai 633 chances d’avoir un enfant exempt de cette anomalie génétique.

Si ma gynécologue de l’époque m’avait présentée les choses de cette façon, je pense que j’aurais pu voir les choses de façon plus positive, mais le mot « malformation » est resté gravé dans ma mémoire et je ne suis pas parvenue à vivre sereinement ma grossesse jusqu’à l’échographie du 2ème trimestre.

Mais pourquoi attendre si longtemps ?

photo-grossesse

Echographie du 2ème trimestre, DPNI et amniocentèse

L’échographie du 2ème trimestre est très importante car elle permet de déceler des malformations des organes qu’on ne peut voir ni avant, ni après. Elle est réalisée en moyenne lors de la vingt-deuxième semaine d’aménorrhée.

Le protocole est désormais assez stricte. Si à l’issue de cette échographie on décèle une possibilité d’anomalie, on propose au patient de réaliser une prise de sang appelée DPNI (Dépistage Non Invasif). Cet examen facturé la modique somme de 390€ non remboursée, permet de confirmer ou infirmer le doute.

Dans le cas où le risque est accru, il existe la possibilité d’être fixé bien avant et de manière quasi certaine en réalisant une amniocentèse. Cet examen invasif qui consiste à prélever au moyen d’une aiguille du liquide amniotique peut être lourd de conséquence  (fausse-couche), c’est pourquoi il n’est proposé qu’en cas de risque élevé.

Dans mon cas, j’ai donc dû attendre cette fameuse échographie pendant laquelle le médecin échographe a pratiqué un examen plus poussé que la normale afin d’évaluer les signes de trisomie. Inutile de vous dire que j’ai tremblé de tout mon être tout le long de l’examen … En cas de doute j’étais préparée à réaliser ce DPNI, et à malheureusement prendre une décision irréversible … Et croyez-moi, il y a beaucoup de nuits sans sommeil lorsque l’on essaie de se préparer à renoncer à son enfant à 5 mois de grossesse et qu’on le sent bouger …

Finalement, cette échographie n’a détecté aucune anomalie, et j’ai fait le choix de ne pas recourir au DPNI. J’ai choisi de faire confiance à la nature et à la science, tout en sachant qu’une échographie  ne décèle que 60% des risques … J’y pense encore parfois, et je ne vous cache pas que mon inquiétude ne s’est pas totalement dissipée. Dans ce cas, le soutien de l’entourage est primordial, malheureusement il n’est pas toujours adapté …

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Le soutien de l’entourage

J’ai fait le choix de ne pas cacher mon « problème » parce que je ne voulais pas avoir à subir trop d’interrogations en cas d’interruption de grossesse et parce que, malgré le soutien de mes proches, je me suis souvent sentie très seule … J’ai parfois eu du mal à l’accepter, mais la réalité c’est que dans ce genre de cas, le gens ne prennent pas toujours la mesure de la (potentielle) gravité la situation.

J’ai relevé 3 types de réactions :

  • Celles des personnes qui voient les choses du bon côté et qui prononcent des phrases comme  » t’inquiète , il va très bien ce bébé, je suis certain/ne qu’il est tout à fait normal ! ». Evidemment, cela se veut rassurant, mais c’est complètement infondé … J’ai même parfois eu droit à « comment peux-tu envisager l’inenvisageable ? » Hum hum ….
  • Celles des personnes qui ne se prononcent pas et dont on sait qu’elles mesurent la gravité potentielle de la situation. Finalement, je me suis souvent sentie plus proche de ces personnes-là qui dans leur inquiétude, pensaient à prendre de mes nouvelles.
  • Celles de personnes qui ignorent complètement la situation, et je pense que cette indifférence a été pour moi la pire des attitudes. Généralement ces personnes-là ne savent pas comment aborder le sujet alors elles préfèrent l’esquiver et ne pas prendre de nouvelles …

Voilà pour mon deuxième trimestre de grossesse. Je tiens quand même à préciser que depuis cette échographie du 2ème trimestre, je suis globalement apaisée. Je n’ai pas à me plaindre, car physiquement j’ai vraiment été en forme jusqu’à très récemment. Je suis désormais plus fatiguée, mais j’y reviendrai dans un dernier article « grossesse ».

J’imagine que j’ai dû en perdre beaucoup d’entre vous en route, mais je pense que cet article pourra éclairer certaines femmes dans ma situation, et qui ne trouvent que des échos anxiogènes sur les forums de discussions. Personnellement j’ai eu beaucoup de mal à ressentir ma grossesse jusqu’à ce jour d’octobre, et je regrette d’avoir pris tant de distance avec ce petit être pourtant très actif dès la 16ème semaine … La preuve, mon ventre est sorti d’un seul coup dans les jours qui ont suivi …

PS : J’ai choisi ces photos réalisées il y a peu par la talentueuse Manon Pello afin d’illustrer mon article. Elles ne sont absolument pas représentatives de mon état ni de mon ventre au début du 2ème trimestre mais je les aime beaucoup.

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